A la Rencontre des Mayas du Yucatan

A la Rencontre des Mayas du Yucatan
Dans la vie il y a deux manières de faire les choses, soit de manière sûre, prévue, tracée, ne laissant pas de place pour les imprévus, soit l’autre…
Lorsque l’on estime que le temps ne doit plus régler nos journées, alors tout est possible…
Au réveil de notre troisième nuit à Bacalar, on décide de reprendre la route direction Valladolid. En arrivant à la station ADO, deux options s’offrent à vous: Soit attendre 2h30 au bord de la carretera le prochain bus confortable avec air conditionné direct pour votre prochaine destination au prix de 270$ MXN, soit de profiter de cette carretera, pour lever le pouce et tenter d’avancer vers l’inconnu…
Quelques minutes plus tard, nous voilà dans le pick-up de Miguel. Camille et les sacs dans la benne, je monte devant avec Miguel.
Miguel, il est jeune, il est pas très riche et il aime la musique « forte » de préférence! Il a carrément installé les enceintes de sa chaîne hifi derrière les sièges et ça fonctionne plutôt bien.
Miguel, il va à Lazaro cardenas, on sait pas trop où c’est mais il nous dit qu’il y a là-bas le temple Maya de Chacchoben. Go!
Après un petit trajet d’une durée indéterminée, Miguel nous dépose à Chacchoben.
La visite de notre premier temple a sonné!
On découvre avec beaucoup d’étonnement une quinzaine de gros bus touristiques dont on essayera de faire abstraction. Vendeurs de produits à moustiques (alors qu’on en a pas croisé un seul), vendeurs de chinoiseries en tout genre (à 10 fois le prix que tu peux le trouver dans le marchés de village), bref on rentre après avoir réglé les 55$MXN/pers.
Le parc autour du temple est très agréable, ombragé,très arboré, une famille de 5 ou 6 singes nous souhaitent la bienvenue (ou viennent repérer s’il y a quelque chose à manger)…
On s’enfonce dans la jungle épaisse jusqu’aux temples, c’est impressionnant! Le lieu impose le silence et la zen attitude, en imaginant et rêvant un peu, on se retrouve au milieu d’une cérémonie religieuse, une journée sacrée en communion avec les dieux, des sacrifices humains en guise d’offrande…
Retour à la réalité, les américains en troupeaux débarquent avec leurs perches à selfies!
Après un petit voyage à travers le temps des MAYAS, il nous faut reprendre la route.
On se poste sur la carretera polyuc et sans même avoir le temps de poser nos sacs, un pick-up flambant neuf s’arrête à notre niveau, il va à Merida…il peut nous avancer de 135km dans la benne de son pick-up!Dans le monde de l’auto stoppeur, cet événement est un hold-up parce qu’il fait en plus super beau…
Après un bon petit coup de soleil, nous voilà à Dziuché et là on sent bien qu’on a quitté une zone touristique qu’on tentait de fuire depuis un ptit bout de temps.
Premièrement à Dziuché, il n’y a plus de bus, c’est bon à savoir! Du coup c’est pas que ça se complique mais on va devoir faire autrement et faire comme ca c’est cool…
En fait on a pris cette route parce qu’on a entendu parler d’une grotte « la cueva de los culebras colgantes »…ca fait presque peur!!
Après quelques morceaux de viande grillée ingérés à un des barbecues de rue , on grimpe dans un taxi direction Kantemo, le village où se situe la grotte.
Ici, vu qu’il n y a pas de bus, les gens se déplacent en taxi, à plusieurs de préférence, ils appellent ça « Flette », et ça coûte environ 5 à 6 fois moins cher qu’un « pasajero ». Après une dizaine de kilomètres, nous voilà à kantemo, le village est plutôt désertique. On se renseigne à la seule « tienda » du village et malheureusement le proprio et guide de la grotte est parti aujourd’hui…On aura vu quelques photos de ce qu’on aurait pu voir en lot de consolation.
Il y a un nouveau dicton depuis peu qui dit; » A Kantemo, le plus dur c’est pas d’y arriver. »A méditer…
Notre nouvelle destination est Tihosuco, une bourgade à 70 km au sud de Valladolid. Pour arriver la route est longue, pas en distance mais en temps, mais peu importe vu qu’on ne connaît pas l’heure et que les habitants non plus visiblement…Depuis peu de temps on a changé de fuseau horaire dans le Quintana Roo et ça plait pas trop aux résidents! Ça se comprend, même si ça change rien, ça change tout…On dira qu’il est entre midi et deux et vu comme ma fesse était ankylosée quand la première voiture est passée dans le bled, je dirais qu’on est resté là un bout de temps assis sur un tronc qui faisait office de banc.
C’est un « flette », au top ! Il dit qu’il va jusqu’à Sabam, ça tombe super bien où c’est… c’est en tout cas la première fois de notre vie qu’on prend un taxi et qu’il t’emmène où il l’a décidé.
Sur la route, il y a le village de Sacalaca, c’est là où descendent nos partenaires de »flette ».
Il y a un « cenoté » à Sacala, notre « choper » veut bien nous y conduire, plutôt sympa.
Le cenoté de Sacalaca, il y a peu de touristes qui le visite et il y a personne à l’entrée. Alors on rentre avec le « chofer » qui nous dit que c’est comme ça que l’on fait quand il y a personne…le cenoté est magnifique et naturel, seul un escalier creusé dans la pierre nous conduit jusqu’à l’eau fraîche et turquoise. On voulait se baigner avec Camille mais on a pas le temps, selon notre chofer, il a un rencard, faut pas abuser quand même…
En remontant dans le taxi, on croise la gardienne du cenoté, apparrement à la sortie de la sieste et de mauvais poil! Le « chofer » nous dit de monter vite en voiture, il n’avait pas envie non plus de payer l’entrée..!
Arrivés à Sabam, le chofer nous dépose à Huay Max à un » cruce », selon lui ça sera plus facile de trouver une voiture. Après quelque temps et voyant la nuit arriver et toujours pas de voiture à l’horizon, on décide d’aller au village en pensant à camper sur la place principale. Après quelques demandes, il s’avère que c’est pas trop conseillé, c’est bien dommage car il n’y a pas d’hôtel à Huay max.
Quelques bières plus tard, en marchant dans la rue, c’est généralement ce qu’on fait quand on a pas trop d’idée, on croise Xisaba, une jolie petite grand mère et Yasmine, sa jolie petite fille.
Elles sont appuyées sur le muret de leur maison, et le moins que l’on puisse dire c’est que leurs yeux nous ont appelés, alors, on s’est approché et on a commencé à discuter.
La mamie ne parlait pas espagnol mais Yasmine si .On leur explique ce que l’on fait ici, vu leur étonnement et avant même qu’on ait pu finir, Xisaba dit à sa petite fille que nous étions les bienvenus à eux…
On a pas hésité plus d’une seconde et avec zutant d’humilité que de joie on franchit la porte de leur maison que nous ouvre Juan Alberto, le patriarche de la famille…
Ce geste est un cadeau, ça m’a toujours profondément touché, surtout quand ça vient des gens les plus pauvres que tu puisses rencontrer.
Sans même avoir pu demander quoi que ce soit, la petite Yasmine nous traduit les paroles de ses grands parents, ils veulent simplement nous dire que leur toit est le nôtre et que ça leur vient du coeur…et la tu n’as rien à dire d’autre que « gracias « .
Juste le temps de poser ton sac et de te remettre de tes émotions, Juan Alberto revient avec un seau d’eau douce pour que tu puisses te rincer et te laver, plutôt bienvenu après cette journée sur la route.
Pour le moment, on est plus curieux de faire leur connaissance et découvrir leur univers. La nouvelle de notre arrivée ne tarde pas à faire le tour de la famille, qui arrive au compte goutte. En attendant, Juan Alberto est fier de nous faire visiter son jardin et toutes ses plantes aromatiques, comestibles et médicinales. Ce qui est impressionnant chez ces gens, c’est leur respect de la nature, leur savoir empirique transmis et découvert de génération en génération et la nature leur rend bien… à méditer!
Après Yasmine, arrive José ignacio, Maximo, Reyna et mama Xisela, tous autant intimidés que nous.
Après s’être rafraichi, on propose à la famille de partager le repas avec eux ce soir et de les inviter pour les remercier de leur hospitalité. Ça n’a pas été facile à négocier mais ont fini par accepter. On file à la tienda la plus proche et faisons un petit plein de courses pour 9 personnes, on avait plus l’habitude…
De retour à la « maison » avec des bières, du coca, jambon, fromage et légumes, comme l’impression que c’est Noël après l’heure (on s’en fiche on la connaît toujours pas l’heure)
Juan Alberto nous explique alors avec la gorge nouée, que cette année, la production de maïs, dont ils vivent tous, sa famille, son village, et la région entière a été quasi nulle « La perdita »! Quand tu sais que leur alimentation se compose principalement de tortilla de maïs et que leur principal revenu vient de la vente du maïs cultivé… ça laisse triste!
Pendant ce temps, les enfants apprécient la bouteille de coca et lui font honneur. Je propose de la bière à Juan Alberto mais refuse avec regret car Ixaba, sa femme ne veut plus qu’il boit, sûrement à cause de ses antécédents…lol
Nous sommes conviés à rejoindre la cuisine, une autre cabane d’où sort la fumée du feu qui sert de gazinière, sur laquelle chauffe la plaque pour cuire les « tortillas ».
Tout le monde est la! On insiste pour que l’on mange tous ensemble, car ils voulaient que l’on mange avant en pensant que l’on était affamés, c’était vrai mais une grande tablée c’est trop cool! Chacun trouve quelque chose pour s’asseoir, chacun prend un petit bout de table et « buen provecho »! Apparement tout le monde étaient affamés…je glisse en douce une bière à Juan Alberto qui, cette fois ci, l’accepte.
Ca fait trop plaisir, surtout quand c’est partagé. Les mamas ne s’arrêtent plus de faire des tortillas, camille se prête à l’exercice avec succès, au bout de la troisième tentative. Juan Alberto lui, ne s’arrête plus de boire de la bière, les enfants ne s’arrêtent plus de manger et sont beaucoup moins timides que 2heures auparavant…
La pluie fait son apparition au même moment que le chef du village fait une annonce à la population concernant une réunion d’information au sujet des décisions à prendre suite à la « perdita ». La Réunion aura lieu à Sabam, dans le village à côté, à 22h et ça a l’air d’affecter tout le monde, tu m’étonnes…
Malgré cette annonce, la soirée continue dans la famille Arjona, on essaye d’apprendre quelques mots en Maya grâce aux petits qui nous traduisent ce que nous disent les grands. On apporte notre appareil photos pour figer ce moment. Après quelques clichés familiaux, les enfants passeront un bout de temps à se prendre en photo…tout le monde est heureux à ce moment précis et c’est tout simplement génial!
L’heure de La Réunion a sonné, les adultes s’empressent de s’habiller pour y aller, nous on garde les enfants! C’est encore les vacances scolaires pour une semaine alors on en profite pour veiller avec eux.
En parlant dans les hamacs, Yasmine remarque la verrue que camille a sur le doigt depuis plusieurs années, sans jamais réussir à s’en défaire. Elle dit à ses frères et sœurs qu’elle connaît une dame dans le village qui a la plante anti-verrue dans son jardin. Yasmine elle a seulement 9ans…
En deux temps trois mouvements nous voilà partis chez cette dame à l’autre bout du village avec tous les gosses!
Forcément à cette heure ci, on l’a réveillé, c’était évident dans les villages où l’on vit avec le soleil. Ça n’a pas eu l’air de la déranger, elle est même ravie de pouvoir nous aider. Elle part dans son jardin et ramène 3 branches de ce qui ressemble à un cactus croisé avec de l’aloe vera, elle nous explique ( en maya ) que la verrue partira quand la plante mourra puis étale un peu du liquide blanc du cactus sur et autour de la verrue.
Nous la remercions et repartons, nous deux, les gosses et la plante…
De retour à la maison, camille est avec les filles à regarder les photos de notre voyage, je suis avec les garçons à lire un livre sur les animaux mexicains, les gars le connaissent par coeur et plus encore…
Il est temps d’aller se coucher, on souhaite bonne nuit aux enfants qui se couchent dans leurs hamacs et nous on installe le notre dans une pièce à côté.
Le temps d’échanger sur nos sentiments de la soirée et d’éteindre là lumière, nos yeux se ferment en rêvant à ces jolies rencontres.
Après une nuit un peu agitée et peu reposante à deux dans un hamac au rythme des appels micro du chef de village, jusqu’à 4 heures du mat, on se réveille doucement au son des coqs et des rires des enfants…
Les anciens ont très peu dormi cette nuit, la réunion †a duré très tard dans la nuit, le sujet le justifiait. Cependant, ils sont déjà au travail, vaisselle, linge, cuisine, ménage, les tâches quotidiennes ici…Ils me proposent un café, j’accepte avec GRAND plaisir ! Après quelques tâches ménagères et sourires partagés, il est temps de faire nos sacs et reprendre la route vers Valladolid…
C’est avec le coeur serré et les yeux mouillés que l’on embrasse chacun de ceux qui ont été, notre petite famille Maya, le temps d’une soirée, qui sera inoubliable aussi simple qu’elle fût…
On retraverse ce village, qui ne sera plus jamais, pour nous, juste un petit point sur une carte, en direction du « cruce » que l’on avait laissé la veille.
À peine arrivés au croisement, on voit une petite tête †familière…c’est Yasmine qui nous rattrape sur un vélo 3 fois trop grand pour elle et portant à la main le pot dans lequel ils avaient replanté la plante anti verrue de camille…elle est tellement touchante cette petite!On continue de rire et parler avec elle quand une voiture s’arrête. C’est Angel, et il va a Valladolid…on a pas le choix que de laisser Yasmine, une deuxième fois en 15 minutes, en faisant la promesse qu’on se reverrait…
les temples Maya ont disparu mais les MAYAS sont bien là !!!