Cayon del Sumerido
Cayon del Sumerido
Avec un taux d’urbanisation inférieur à 10 %, le Chiapas est l’un des États les plus sauvages et préservés du Mexique. Malgré la présence de quelques ruines mayas importantes dont la plus célèbre est Palenque, c’est bien sa nature, sa faune et sa flore qui font l’essentiel de son attrait.
Ce billet sera consacré à ce qu’on peut sans trop exagérer appeler LA plus grande merveille naturelle de ce territoire qui n’en est pourtant pas avare : le Cayon del Sumerido.
Le fleuve Grijalva, qui prend sa source dans le Chiapas
traverse l’État voisin de Tabasco et vient se jeter dans la baie de Campeche, est long de 480 kilomètres. Sur son tracé s’est créé il y a près de 40 millions d’années l’un des canyons les plus impressionnants de l’ensemble du continent américain et qui, contrairement à son homologue états-unien, n’est pas asséché.
Ses falaises sont si impressionnantes qu’elles peuvent donner le vertige même quand on se trouve à leur base. En effet, contrairement à la majorité des canyons, celui-ci n’est que partiellement le résultat d’une lente érosion créée par le fleuve qui le traverse.
C’est un tremblement de terre qui est à l’origine de son existence. Ici donc, pas de pente : les falaises sont quasiment perpendiculaires au fleuve. Elles atteignent 500 mètres en hauteur relative et 1000 mètres par rapport au niveau de la mer.
On remonte le fleuve à bord de lanchas
des petits bateaux à moteur. La balade dure plusieurs heures, dans une ambiance de recueillement et d’émerveillement. Aucune culture, ni maya ni espagnole, juste la puissance de la nature à l’état brut. Enfin… Certains touristes irrespectueux jettent leurs bouteilles en plastique et autres emballages dans l’eau, ce qui vient quelque peu gâcher la pureté de l’ensemble. Ne soyez pas l’un d’eux !!!
On remonte le fleuve à bord de lanchas, des petits bateaux à moteur.
En chemin, on s’arrête devant un bien étrange sapin de Noël
C’est le nom donné à une formation naturelle faite d’algues formée par une petite chute d’eau située en haut de la falaise, et dont la forme évoque un conifère. Mais en nettement plus grand : 450 mètres tout de même !
Ailleurs, c’est une grotte avec une formation rocheuse ressemblant à s’y méprendre à un hippocampe qui retient l’attention. La faune du canyon est quant à elle très diversifiée : de nombreuses espèces d’oiseaux pêcheurs, des crocodiles, des pélicans, des tortues peuvent être aperçus, menant leur vie tandis que les humains de passage les prennent en photo.
A l’extrémité nord du canyon
l’Homme a quand même trouvé un moyen de tirer profit de ce que lui offre la nature en construisant le barrage de Chicocasén. C’est l’un des plus grands du monde et il produit à lui seul un peu plus de 30 % de l’énergie hydro-électrique du Mexique.
Afin de préserver la zone du canyon et ses alentours
majoritairement composés de jungle tropicale, le gouvernement du Chiapas a passé un décret en 1972 qui en a fait un parc national écologique ouvert toute l’année. Malgré ces efforts la pollution n’épargne pas l’endroit. La ville de Tuxtla Gutiérrez n’est pas loin et ses pauvres décident bien souvent de s’installer dans le parc, bien que ce soit illégal.
En outre, des compagnies privées
extraient de la chaux et d’autres minéraux et leurs opérations, bien qu’autorisées par le gouvernement, ne sont pas sans effet sur cet écosystème fragile. Enfin, comme signalé plus haut, le fort potentiel touristique du canyon fait que certains se permettent d’y jeter leurs déchets.
Il est primordial, si vous le visitez, que vous le traitiez comme ce qu’il est : un trésor et un sanctuaire auquel le respect est dû. A cette condition, vous pourrez jouir de sa beauté inégalée.