Escale à Valladolid Mexique et Fête des Morts
Escale à Valladolid Mexique et Fête des Morts
Mon voyage à travers les Amériques m’amène aujourd’hui à faire escale à Valladolid. Petite ville située entre Cancun et Mérida. Depuis Cancun, j’achète un ticket à la dernière minute directement au comptoir et saute dans le bus. Je choisis le bus de « première classe » qui est direct. C’est la solution la plus confortable, la plus rapide et la plus chère aussi. Il faut compter environ 200 pesos. Les départs sont fréquents, toutes les heures. Le voyage se fait avec facilité avec la compagnie locale Autobuses de Oriente. Il existe aussi des lignes de « seconde classe » avec plus d’étapes intermédiaires et plus économiques (environ 100 pesos). J’aurais aimé acheter un billet en ligne à l’avance pour économiser quelques pesos mais, c’est impossible de finaliser la transaction avec une CB européenne. Snif !!
Me voici à Valladolid !
Je demande aux personnes que je croise ce qu’il se passe en ville ce soir.
J’arrive le week-end avant la fête des morts et j’apprends que la ville organise le premier festival de « los Pixcanes ! » pour la fête des morts. C’est une des fêtes les plus populaires au Mexique.
On me recommande vivement d’y faire un tour !
Un peu d’histoire, on fête quoi au juste ?
Aujourd’hui, la fête des morts est un métissage des rituels de l’époque maya et de la tradition catholique espagnole. Ce qui fait qu’elle est unique en son genre.
Une fois l’an les Mayas rendaient hommage aux défunts. Un jour était dédié aux enfants et un autre aux adultes. La fête se déroulait l’été et la famille du défunt dansait, chantait et laissait des offrandes afin de pourvoir aux besoins du mort dans l’au-delà.
Les Espagnols, eux célébraient les saints et les martyrs le premier jour de novembre, pour la Toussaint et le deuxième jour était traditionnellement dédié aux morts. Les catholiques vont fleurir ce jour là les tombes des êtres qu’ils ont perdus.
De la grande histoire à l’intimité des foyers
Partout au Mexique, à la veille des célébrations les autels fleurissent partout en ville, dans les écoles, au musée, dans les boutiques.
La capitale, Mexico et les villes des provinces du sud du Mexique organisent des événements culturels, des célébrations.
Dans chaque maison les familles dressent et décorent des autels avec des photos des défunts, préparent leur repas préféré, allument des cierges, laissent un verre de mezcal, du « pan de muerto », la brioche traditionnelle, et des œillets.
Les gens se rendent dans les cimetières aussi bien fleurir les tombes de leurs proches que celles des musiciens, hommes politiques qui ont fait l’histoire de la région. Des visites guidées sont organisées dans les cimetières. A Mérida, j’apprends que le cimetière principal de la ville, un des plus ancien du Yucatán, a organisé une soirée avec des films d’horreur le week-end de la fête des morts. J’en ai la chair de poule rien que d’y penser.
Ce que j’en retiens c’est que cette fête est un moment joyeux, un moment privilégié pour se souvenir des qualités et de la personnalité de ceux que l’on a perdus. Un moment pour se souvenir et honorer les ancêtres. Les gens se déguisent, chantent, dansent, rient de la mort puisqu’elle fait partie de la vie.
Est-ce que tu parles Maya ?
Me voici au festival de « Los Pixanes », des âmes donc, à Valladolid. L’événement se déroule sur quatre jours. Locaux et touristes se retrouvent autour du Cénote le soir venu. Les quelques mots d’espagnol que je parle me sont précieux pour poser des questions et en apprendre un peu plus.
Je discute avec mon voisin dans les gradins de l’amphithéâtre. José est venu assister au spectacle en famille et me demande si je parle Maya ?
Heuu, non ! … Eh bien c’est l’occasion d’apprendre quelques mots au passage ! Il me conseille aussi, si je suis intéressée et que je souhaite persévérer dans l’apprentissage de la langue, de regarder en ligne. Vive internet qui permet de conjuguer tradition et modernité !
Dans le Yucatán, les gens sont vraiment accueillants et ont à cœur de faire découvrir leur tradition et leur culture.
Le lieu où se déroule le festival est un lieu sacré pour les Mayas qui considéraient ce « trou sacré » comme une porte, un passage vers le monde inférieur des jaguars et des morts. C’est dans le Cénote que se déroulaient les rituels et les offrandes aux dieux.
Culture d’hier et d’aujourd’hui
A la fois mélange de tradition et modernité, pendant quatres jours cet événement gratuit mettait en vitrine l’artisanat, la gastronomie et la culture Maya avec des activités pour tous.
Au programme : musique, danses traditionnelles, concerts, films. Le plus dur c’était de choisir par quoi commencer. J’ai opté pour les desserts et biscuits de Zaci (compter entre 5 et 10 pesos par sachet).
J’arrive au bon moment, les organisateurs distribuent des bougies et invitent à descendre les marches qui mènent au Cénote.
Dans l’eau à quelques mètres de moi a lieu la cérémonie d’ouverture du spectacle. Je suis assise à côté des musiciens en face de la scène. Les tambours résonnent et l’on souffle dans les lambis, ces énormes coquillages. Le son est indescriptible et résonne dans le Cénote. Le public se tait. L’instant est magique.
Un homme et une femme en costumes traditionnels se rendent en bateau sur la plate-forme installée au milieu de l’eau. Ils parlent en Maya, ils rendent hommage à la terre, l’atmosphère est solennelle. L’éclairage minimaliste, l’ambiance intimiste, le public allume les bougies distribués à l’entrée.
Quelqu’un monte sur scène et annonce le début du concert. Un jeune musicien est en première partie et là, c’est un changement de style complet. On passe du très traditionnel au concert pop/rock avec en deuxième partie Maria Moctezuma, une artiste qui revendique un mélange d’influences de musique autochtone et de sonorités plus modernes. Elle salue l’initiative des organisateurs du festival car cet événement permet de se souvenir de « qui ont est » et des ancêtres.
A la découverte du centre ville
Je pars à la découverte de cette petite ville au passé colonial et aux bâtisses colorées. Après Mérida, c’est la deuxième plus ancienne ville du Yucatán.
Je découvre qu’elle doit son nom à la Valladolid espagnole, à l’époque capitale du pays. Deux épisodes majeurs de l’histoire du Mexique se sont déroulés ici : la guerre des castes en 1847 et la première étincelle de la révolution mexicaine en 1910.
Aujourd’hui la ville est d’une tranquillité absolue, j’ai eu l’occasion de l’arpenter de jour et de nuit et la seule surprise c’est sa richesse culturelle.
Je commence par l’ancien couvent San Bernardino de Siena. Une imposante bâtisse de 1560.
Le parc du couvent est assez agréable, il faut dire qu’il y a peu de vert en centre ville.
Quelques touristes se prennent en photo à côté des lettres capitales multicolores « Valladolid » qui ont été installées ici comme dans la plupart des villes touristiques.
La Calzada de los frailes (calle 41)
Je repars et remonte la Calzada de los frailes qui est une des rues les plus animées de Valladolid.
Selon ses goûts on peut y trouver des bars, des galeries d’art, des boutiques qui regorgent de sculptures en bois, des masques, des calendriers mayas. Je m’arrête dans les échoppes et discute avec les commerçants.
C’est en passant le pas d’une porte au hasard de la calle 41 que je découvre le musée du chocolat qui propose des visites et dégustations. C’est la variété de cacao « Criollo » qui est principalement cultivée au Yucatán. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur la production et la préparation de la boisson sacrée des mayas. Le prix affiché pour une boite va de 90 à 110 pesos, c’est très cher.
De l’artisanat sous toutes ses formes
D’autres boutiques artisanales proposent chapeaux, sacs et hamacs en sisal. Certains artisans ont leur atelier installé à l’arrière boutique et sont ravis de montrer leur savoir-faire aux clients et passants.
C’est ce que je conseille de faire, passer le pas de la porte, prendre le temps de discuter avec les vendeurs qui parfois sont aussi les artistes ou artisans. Que vous soyez simplement curieux ou que vous ayez eu un coup de cœur, la discussion est le meilleur moyen d’en apprendre plus ou d’entamer les négociations pour un éventuel achat.
L’agave est une des plantes de la région du Yucatán. Elle a beaucoup contribué à l’essor économique de la région. Très résistante, on en extrait la fibre de sisal pour la fabrication de cordages, hamacs et autres tissus. Il existe différentes types d’agave dont certaines sont utilisés pour la production de miel ou bien de divers alcools.
Le long de la « calle 41 », il y a aussi des vendeurs de liqueur. Je continue la ballade et la dégustation de tequila bio et de mescal (naturels ou aromatisés).
Le centre ville
Le deuxième jour, je pars en direction de la place centrale, dite « el Zocalo » et le parc Francisco Canton avec au milieu la fontaine « La Mestiza », la métisse. Cette sculpture représente une jeune femme à la peau claire, tenant une jarre dans ses bras et vêtue d’un huipil, la robe traditionnelle Maya. C’est sur la place centrale que tous les dimanches soir jouent « Los Tachos », les musiciens de la ville.
Au premier étage « del Palazo Municipal », entendre l’hôtel de ville, une exposition qui raconte l’histoire de la ville. Dans la salle d’à côté, quatre immenses toiles signées Manuel Lizama illustrent l’histoire de la ville, sa fondation le 28 mai 1543 par Francisco de Montejo, el Sobrino (le neveu), sur l’ancienne ville Maya de Zaci.
Je recommande vivement la visite. Les toiles valent vraiment le coup d’œil, elles sont sublimes.
L’imposante église de San Servacio juste à côté domine le square. Elle a été construite avec les pierres des anciens temples mayas, comme ce fut le cas dans beaucoup de villes du Yucatán.
En cas de petit creux, il y a le « bazar comida » où l’on peut manger pour quelques pesos (entre 50 et 100) les spécialités locales. Il s’agit de petites échoppes les unes à côté des autres toutes abritées sous un même porche. Pour un peu plus de cachet, de l’autre côté de la place il y a le restaurant de Los Campanas à quelques pas de là.
Une autre idée de visite c’est le musée « San Roque », situé derrière l’office du tourisme. Il détaille l’histoire et la culture de Valldolid et sa région. Le musée est gratuit. Les explications sont en espagnol uniquement.
Retour au Cénote Zaci
Aujourd’hui il fait vraiment chaud. Du coup, je vais au Cénote rechercher un peu de fraîcheur. Pour 30 pesos on peut profiter du site. La présence de cette piscine naturelle en centre ville est une vrai aubaine. Je recommande d’y aller vers midi c’est le moment parfait pour faire de belles photos car c’est le moment où le Cénote est le mieux éclairé.
Plus tard dans la soirée, je reviens pour voir la suite du festival.
Je découvre une exposition de peintures avec une série de tableaux représentant Catrina, célèbre représentation mexicaine de « Sa Majesté la Mort » née de l’imagination de l’artiste mexicain José Guadalupe Posada. Il s’agit d’une jeune femme ou d’un squelette selon les représentations. Les tableaux étaient vraiment très beaux. Ils étaient exposés dans le restaurant du Cénote.
Au programme de ce soir un défilé de mode par un créateur qui ose le mélange de motifs traditionnels brodés avec un style plus moderne. En fin de soirée une danse traditionnelle est prévue. Un opéra également.
Une curiosité locale
Je découvre le jour de mon départ également une des curiosités locales « la casa de los venados ». J’arrive trop tard pour visiter la maison privée mais j’entrevois des pièces de toute beauté, je reviendrai dans quelques jours. Deux américains passionnés d’art populaire mexicain ainsi que d’art contemporain ont collectionné environ trois mille pièces.
Ils ouvrent tous les jours les portes de leur maison à dix heures et proposent des visites guidées en anglais et espagnol. La visite est gratuite, les propriétaires proposent de donner ce que vous voulez en fin de visite.
Il est pour moi l’heure de partir vers de nouvelles aventure à Merida.
Si vous passez à Valladolid et bien Kíimak ‘oolal !
Je souhaite une belle visite.