Kabah
Kabah…
Si de prime abord ce nom semble évoquer l’Arabie Saoudite, nous n’allons pas parler aujourd’hui du pèlerinage à la Mecque mais bien d’une cité maya ! Située dans le Yucatán, ce site est voisin d’Uxmal, dont je vous ai parlé dans un billet précédent, et le second plus grand de la région Puuc après ce dernier.
Il est tout à fait possible de visiter les deux dans la même journée, en suivant la grande route d’une vingtaine de kilomètres qui les relie. Mais l’un comme l’autre méritent que l’on s’attarde afin d’en voir toutes les spécificités.
Les premières traces d’occupation humaine
remontent au troisième siècle avant notre ère, et s’il semble qu’elles perdurent dans une certaine mesure au-delà de la période classique, Kabah a fortement décliné à partir du XIème siècle. Les historiens situent le faîte de sa puissance entre le VIIème siècle et cette période, un intervalle au cours duquel a été construite la majorité des structures qui sont encore debout aujourd’hui.
la cité était réellement abandonnée bien avant l’arrivée des Espagnols.
Un débat important chez les historiens de la civilisation maya porte sur la question des relations entre Uxmal et Kabah. Laquelle des deux était la plus importante cité de la région ? Impossible de trancher avec certitude, tant elles sont toutes deux impressionnantes et tant l’histoire de Kabah est mal connue. Ce dernier point fait pencher la balance en faveur d’Uxmal, au sujet de laquelle on dispose de plus d’informations, mais tout indique que Kabah était un site très important également.
La structure la plus célèbre de Kabah
est incontestablement le Palais des Masques, aussi connu sous le nom maya de « Codz Poop » (un nom qui fera rire les anglophones). Il doit son nom à son ornementation typique du style Puuc, qui consiste en une série de « visages » sculptés dont on considère avec une assez grande certitude qu’ils sont des masques de Chaac, le dieu maya de la pluie.
A l’arrière du palais, deux statues en pied représentent ce qu’on estime avoir été des rois de Kabah, sans pouvoir l’affirmer. Il y en avait cinq à l’origine. En langue maya Kabah signifie « la main du seigneur puissant », ceci expliquant peut-être cela. Mais ces statues ont l’air presque secondaires par rapport aux représentations de Chaac, qui se retrouvent sur de nombreuses autres structures.la cité était réellement abandonnée longtemps avant l’arrivée des Espagnols.
On retrouve cette dévotion au dieu de la pluie
dans d’autres sites archéologiques de la région Puuc, à commencer par Uxmal, alors que son culte, bien que présent, est moins appuyé dans le reste du Yucatán. Cela s’explique aisément par la géographie. Alors que la majorité des régions du Yucatán sont pleines de cénotes, le Puuc en est singulièrement dépourvu.
Les habitants d’Uxmal, de Kabah et des autres cités mayas des environs ne pouvaient pas compter sur ces réserves d’eaux pour assurer leur subsistance et dépendaient intégralement de la pluie pour leurs récoltes. On comprend donc leur attachement au dieu Chaac, qui en frappant les nuages avec sa hache déclenchait les pluies tant attendues, une action qui lui valait l’épithète de « protecteurs des moissons ».
Il y a beaucoup d’autres structures à Kabah
Le style Puuc est le plus représenté, mais du fait de la position géographique de la cité on peut aussi observer des bâtiments dans le style Chenes, reconnaissables aux marches extrêmement pentues, presque verticales, qui permettent d’y accéder.
Ce métissage architectural est un exemple de plus de la position centrale de Kabah à la période classique. A n’en pas douter, cette cité était particulièrement puissante et représentait un grand centre d’échanges culturels et commerciaux dans le Yucatán.