La Police Touristique du Yucatan Mexique
« Je ne trouve plus mon téléphone ni ma Gopro !!”
Aïe, ça pique aujourd hui on s’est fait volé…Voici notre récit de voyageuses chapardées !
Je suis peut être très naïve mais j’ai toujours eu pour habitude de laisser mes affaires sur la plage ou dans un petit coin pour ce qui est des cenotes et je n’ai jamais eu aucun soucis en 3 voyages au Mexique…jusqu’à hier.
Il est midi, la cenote est presque vide, “ Top ! Les photos vont être encore plus chouettes !”
Le décor est splendide, cet immense trou naturel datant de l’époque glaciaire nous offre une eau cristalline, des stalactites impressionnantes, une faune aquatique très variée, et des spots pour sauter plus cools les uns que les autres ! Va a ser un día padrísimo !!
On se fait un petit shooting photo avec vues sur le puit d’eau, en posant aux côtés des paroies humides de la grotte, et puis assises dans les escaliers…1,2,3 soleil on ne bouge plus !
C’est décidé on a trouvé le petit coin où nous laisserons nos affaires. On regarde à droite puis à gauche, “ça parait safe (sûr) ici, t’en penses quoi Nono? (c’est le p’tit nom de ma copine Nolween)”. L’appel de cette eau envoûtante nous laisse juste le temps de déposer les serviettes au-dessus de nos sacs et hop on plonge !
L’ambiance y est sympa, nos compagnons de baignade et nous, nous lançons des défis de sauts
On applaudit, on rit, c est cool, on est bien bien bien ! Ça fait environ une petite heure qu on barbotte, mais toujours en gardant un oeil sur nos affaires. On finit par se poser un peu plus près du bord en swinguant sur les cordes amarrées d’un bord à l’autre de la cenote. L’endroit s’est bien rempli depuis notre arrivée, on décide alors de sortir de l’eau pour pouvoir apprécier ce lieu magique assises contres les parois calcaires de la grotte…
C’est alors que je m’exclame : « Zut, t’avais laissé ton sac ouvert ?!!! »
– Question stupide…- Bien sûr que non, mais une petite main baladeuse s’était donné la joie de le faire pour nous. Plus de téléphone, plus de Gopro…Vite je cours avertir les responsables des lieux. Très compréhensifs, ils me proposent de checker tous les sacs des personnes entrant et sortant de la grotte. Sans succès…
Le gardien de la cenote arrive, puis un policier municipal, puis 2, puis 3, 4, 5 . Une vraie armada ! On se présente les uns aux autres avec une poignée de main accompagnée d’une formule de politesse, “Lucie, mucho gusto”, “Juan, igualmente”. Le dispositif est assez impressionant, tout comme le nombre de questions qui nous sont posées…Il est 14 heures, c est sûr on va y passer la journée…!
Ce récit vous donnera une petite idée des démarches suivies et à suivre. Au cas ou vous vous trouvez à être volés au Mexique et plus précisément au Yucatán :
Ne vous inquiétez pas, la barrière de la langue n’est pas un problème, ici dans la péninsule du Yucatán. Vous trouverez toujours un officier parlant l’anglais.
Dans un premier temps, ils nous demandent de reconstituer la « scène du crime »
Ils prennent des notes, beaucoup, genre plus que beaucoup. Apparemment leurs rapports sont très complets. « Robbery are not common in here, we are in charge to protect the tourists ». (Les vols ne sont pas choses communes ici, et nous nous devons de protéger les touristes). Après environ 30 minutes de constat sur les lieux incluant une description très précise des événements, la collection de nos informations personnelles en tant que touriste, nous sommes par la suite invitées à parler au grand patron de la cenote, Samuel.
Soucieux de ce qui vient de nous arriver, il nous présente sa carte professionnelle pour que nous puissions le contacter “a toda hora” (qu’importe l’heure). Nous le remercions gentiment et en profitons tout de même pour négocier l’accès illimité à la cenote durant toute la durée de notre séjour. Il accepte, chouette on aura au moins gagné quelque chose aujourd’hui ;).
La deuxième étape s’agit de notre escorte par la police municipale
EL CENTRO INTEGRAL DE SEGURIDAD PÚBLICA Y DE JUSTIÇA, soit l’équivalent de notre Gendarmerie française. C’est à l’arrière d’un pick-up qu’on nous installe. On nous pose encore quelques questions à l’intérieur du véhicule, puis on démarre. La ceinture n’est sûrement pas obligatoire derrière, on est pas attachées dans une voiture de flics et de surcroît le reste de l’équipe n’ayant plus de sièges, s’installe dans le charriot à l’extérieur.
No prise de tête, ils sont “relax” ces policiers. Nous n’avons pas nos papiers sur nous, ils nous déposent alors à notre logement pour que nous puissions être en possession des éléments qui permetteront notre identification. Par chance Nono a apporté la boîte de la Gopro avec le numéro de série du produit indiqué sur l’emballage, “ça aidera sûrement, hein tu crois ?”.
Nous reprenons notre chemin en direction du poste de gendarmerie, après 10 minutes de route nous arrivons…En effet, nous sommes déjà rendues à la prochaine colonia !
Nous voici maintenant à la troisième étape de notre journée en compagnie des 5 policiers
Lulu – Ah mais attends il y en a un sixième qui arrive !!
Nono – Mais celui ci n’est pas habillé en blanc et pas en noir. Est-ce-que tu vois ce qu’il y a d’écrit sur son uniforme ?
Lulu – Non meuf, j’ai oublié mes lunettes…
Nous rions pour la première fois depuis les évènements. ~Eh oui les gars je suis myope comme une taupe.~
Nono – C’est la police touristique, il doit s’y connaître en matière de vol des touristes !
On nous fait asseoir dans la salle d’attente, il y a 3 personnes devant nous
À ce moment là, on pense qu’il va nous falloir patienter 1 ou 2 heures minimum avant que ce soit notre tour. Entourées par notre escorte nous continuons l’interrogatoire. Toutes les informations sont recueillies sur des petits carnets de notes. Puis sur un formulaire blanc et vert, le moment est donc venu de faire notre déposition pour la police municipale mais nous sommes bel et bien à la gendarmerie ????!!!!!.
Vous me suivez ? Du coup on sort nos passeports, toutes nos données sont scrupuleusement passées au peigne fin (oxymore justifié ;)). On leur présente alors la configuration des pages du passeport français “Each page presents a french state, La Corse, La Champagne Ardenne, l’Aquitaine…” Ça semble les intéresser, on fait comme on peut pour passer le temps, ça fait déjà 3 heures que nous sommes en leur compagnie… Finalement on nous demande de mettre par écrit l’incident d’aujourd’hui, si possible en español.
Je m’attelle à la tâche. Pas si facile que ça !! Je raconte alors notre petite histoire (c’est ainsi qu’ils nous présente la tâche à accomplir). On leur remet alors le formulaire et ils passent à la relecture, des sourires s’esquissent sur leurs visages…Mon espagnol est basique et ma grammaire pas très au point mais ils ont l’air d’avoir tout compris pfiou ! Dans cette déposition nous avons dû mentionner :
Le lieu de l’incident
La date et les heures de chacun de nos mouvements (arrivée, shooting photos, baignade etc…)
La description de la Gopro et du téléphone et leurs prix approximatifs (dans la monnaie du pays oú ils ont été achetés -pas de conversion en pesos mexicanos autorisée, ne serait ce juste pour qu’ils aient une idée.
La description du suspect.
Nous pensions en avoir terminé là, il commence à se faire tard
Il nous faut maintenant envoyer des mails en France pour mettre l’assurance et nos familles au courant. Les officiers de la police municipale se mettent debout, nous les imitons, ils nous font asseoir. “Genre ! Nono, tu crois qu’on en a encore pour combien de temps ???!!!” Elle en a aucune idée, elle non plus. Ils s’éclipsent, nous laissant en compagnie du responsable de la police touristique.
Nous en sommes maintenant à la quatrième étape de notre marathon des polices
On apprend qu’il nous faut patienter encore pour attendre l’officier de la gendarmerie afin de faire une seconde déposition. Cette fois-ci on nous propose deux alternatives. “El acta de hechos o una denuncía”.
Nous sommes confuses car la différence entre les deux processus n’est pas si évidente que ça. D’après ce que nous avons compris, la denuncía consiste à faire un rapport pour les autorités mexicaines afin qu’une investigation soit menée, mais on apprend qu’un délais d’un mois minimum est requis. En effet, il nous faut faire venir un interprète assermenté pour ce choix.
L’autre option, El acta de hechos (celle que nous avons adoptée), est apparemment plus simple, l’officier de la police touristique s’engage à faire office de traducteur, une copie de la déposition sera envoyée au consulat de France de Mérida et nous pouvons adresser notre copie à l’assurance. Le gendarme prend mille et une précautions pour nous expliquer cela, ce qui est rassurant.
Que doit contenir un acte policier au Mexique ?
Un récit exact des faits (heure, lieu),
Une identification de la victime (très détaillée, données du passeport, étapes du voyage) et des témoins,
Une identification du policier (très détaillée également),
Les informations concernant les faits,
Les numéros des articles du code pénal mexicain.
Après 5 heures d’interrogatoire et de papiers à remplir nous sommes enfin invitées à rentrer chez nous, pas de covoit cette fois-ci, on prend le taxi !
Voici quelques conseils à adopter pour éviter les vols dans les cenotes :
Prenez le temps de réfléchir à ce que vous allez mettre dans votre sac.
Bien sûr votre appareil photo ou votre portable sont presque indispensables pour enregistrer les souvenirs de ce lieu unique en son genre. Je vous conseille de n’emporter qu’un des deux appareils pour réduire votre perte.
Ajoutez à cela une serviette, vos habits et un minimum d’argent liquide (maximum 200 pesos). Prenez le strict minimum et laissez votre carte bleue à la maison. Lorsque vous vous baignez, gardez un œil sur votre serviette et ne vous éloignez pas trop.
Préférez un sac à dos à un sac de plage
En effet, vous pouvez attacher un petit cadenas au zip pour dissuader les pickpockets.
Laissez vos affaires en compagnie d’un voyageur qui vous paraît sincère.
Installez-vous, prenez le temps d’étudier votre environnement. Choisissez-le scrupuleusement. Préférez des voyageurs dans la même situation que vous. L’union fait la force.
Personnellement je demande plutôt aux:
Voyageuses qui ont à peu près mon âge
Familles avec enfants
Couples de personnes âgées.
Et j’essaye d’éviter :
Les enfants ou les ados locaux
Les hommes seuls (à bon entendeur)
Nagez avec vos objets de valeur.
Et oui c’est possible ! Vous pouvez vous procurer une pochette ou un sac étanche chez Décathlon par exemple. C’est super pratique !!! Vous pouvez même prendre des photos avec votre portable qui glissé dans la pochette, le tactile fonctionne parfaitement !
Achetez quelque chose au restaurant ou au bar de la cenote et laissez vos affaires avec le staff.
Je vais être honnête, ceci est l’option la plus incertaine de cette liste, et serait probablement une alternative d’ultime recours.
Sachez que rien n’est jamais sûr à 100%
Vous pourriez choisir la femme âgée la plus douce pour prendre soin de vos affaires lors de votre baignade et elle pourrait très bien faire partie d’un réseau de crime organisé . De même, le jour où vous décidez de laisser vos objets de valeur à l‘auberge de jeunesse pourrait être le jour où un membre du personnel s’immisce dans les dortoirs…
Rien n’est jamais sûr à 100% , même si vous restez à la maisonOui, on pourrait vous voler vos objets de valeur même si vous avez suivi l’un de ces conseils, mais s’attarder sur ces minuscules failles ne sont pas l’objectif .
Voyager – et vivre – ce n’est pas juste apprendre à être sûr à 100%, mais il s’agit plutôt de réduire vos risques d’incidents autant que possible. Ce n’est pas parce que les ceintures de sécurité ne sauvent pas 100% des vies, qu’elles sont une perte de temps.Ces conseils peuvent vous aider à réduire les risques de vols auxquels nous sommes exposés dans les cenotes.
Bonne baignade à tous.
LB